J’ai flatté ſon orgueil par le Pontificat,
J’ai parlé pour lui ſeul en public au Sénat,
Tandis que pour Céſar, aidé de Servilie,
J’engageois Cicéron trompé par Céſonie :
Enfin, Probus ſait trop que, s’il m’oſoit trahir,
Il ne me faut qu’un mot pour le faire périr ;
Même ici, par ſes ſoins, je dois revoir Tullie.
Ne crains point cependant le courroux de Fulvie,
Son cœur fut trop à moi pour en redouter rien.
Elle a trop pénétré l’artifice du tien,
Pour ne ſe point venger de tant de perfidie ;
Elle eſt femme, jalouſe, imprudente, hardie,
Elle ſait tout, bien-tôt nous ſerons découverts,
Et je n’entrevois plus que de triſtes revers.
Que faiſons-nous dans Rome ? & ſur quelle eſpérance,
Parmi tant d’ennemis, avoir tant d’aſſurance ?
Contre Céſar & toi, les clameurs de Caton
Ne ceſſent d’irriter Antoine & Cicéron.
Ces deux Conſuls, tous deux amis de la patrie,
Brûlant de cet amour que tu nommes manie,
Peut-être trop inſtruits de nos deſſeins ſecrets,
Préviendront d’un ſeul coup ta haine & tes projets.
Déjà de toutes parts je vois groſſir l’orage ;
Craſſus devient ſuſpect, t’en faut-il davantage ?