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C a t i l i n a.

Céſar ſemble promettre un ſuperbe avenir,
Que peut-être moins jeune il oſera ternir ;
Lucullus n’eſt plus rien, & ſon rival Pompée
N’a pour lui qu’un bonheur où Rome s’eſt trompée ;
Craſſus, plein de déſirs indignes d’un grand cœur,
Borne à de vils tréſors les ſoins de ſa grandeur ;
Cicéron ébloui du feu de ſon génie…
Mais je veux reſpecter le père de Tullie :
Pour Caton, je n’y vois qu’un courage inſenſé,
Un faſte de vertu, qu’on a trop encenſé :
Le reſte n’eſt point fait pour prétendre à l’empire ;
C’eſt à vous ſeul, Seigneur, que j’oſe le prédire.
Quelle gloire pour vous, en domptant les Romains,
De pouvoir vous vanter au reſte des humains,
Que ſans avoir Des dieux emprunté le tonnerre,
Un ſeul homme a changé la face de la terre !

C A T I L I N A.

Miniſtre des autels, que me propoſez-vous !

P R O B U S.

La gloire de bien faire, & le ſalut de tous,
Ce qu’un grand cœur flatté de cet honneur ſuprême,
Aurait dû dès long temps ſe propoſer lui-même.

C A T I L I N A.

Ah Probus ! Je l’avoue, une ſi noble ardeur