Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
T r a g é d i e.

Céſar ne doit qu’à moi ſa dignité nouvelle,
Et je ſais qu’à ce prix il me ſera fidèle.
Voilà comme un Conſul qui penſe tout prévoir,
Souvent pour mes deſſeins agit ſans le ſavoir.
L’Africain peu ſoûmis, le Gaulois indomptable,
Tout l’Univers enfin, las d’un joug qui l’accable,
N’attend pour éclater que mes ordres ſecrets,
Et Cicéron n’eſt point inſtruit de mes projets.
Ce n’eſt pas dans tes murs, Rome, que je m’arrête,
Des cris du monde entier j’ai groſſi la tempête :
Mon cœur n’étoit point fait pour un ſimple parti,
Que le premier revers eût bien-tôt ralenti :
J’ai ſéduit tes vieillards, ainſi que ta jeuneſſe,
Céſar, Sylla, Craſſus, & toute ta nobleſſe.
Mais il faut retourner à Probus qui m’attend ;
Ménageons avec lui ce précieux inſtant,
Pour rendre ſans effet le courroux de Tullie,
Et pour mettre à profit les fureurs de Fulvie.
Soûtiens, Catilina, tes glorieux deſſeins ;
Maître de l’Univers, ſi tu l’es des Romains,
C’eſt aujourd’hui qu’il faut que ton ſort s’accompliſſe,
Que Rome à tes genoux tombe, ou qu’elle périſſe.


Fin du premier Acte.
Cc ij