Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/237

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Je ne ſais ſi je dois m’expliquer avec vous.
Victimes tous les deux d’une amante en courroux,
Si mes cruels ſoupçons vous ont fait une offenſe,
N’en accuſez que vous, et votre fier ſilence ;
Car vous pouviez d’un mot déſabuser mon cœur.
Pourquoi, loin d’éclaircir une funeſte erreur,
Me cacher, aux dépens de toute mon eſtime,
Un témoin dont le nom vous eût abſous du crime,
Et que rendait ſuspect ſon amour irrité ?
Vous ſavez de mes mœurs quelle eſt l’auſtérité,
Qu’enchaînée aux devoirs d’une innocente vie,
Je n’ai jamais connu que le nom de Fulvie ;
Que ne m’épargniez-vous la honte et le remords
D’avoir trop écouté ſes coupables tranſports ?
Fallait-il expoſer une âme vertueuſe
À ſervir les fureurs d’une âme impétueuſe ?

C A T I L I N A.

Ah ! Je n’étais déjà que trop humilié
De voir à vos mépris mon rang ſacrifié,
Sans vous faire rougir d’une indigne rivale.

T U L L I E.

Dût ſa haine aujourd’hui m’être encor plus fatale,
Malgré votre courroux, je veux vous engager
À reſpecter ſes feux, même à la ménager :
D’un pareil ennemi vous n’avez rien à craindre ;