Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/244

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A C T E   I V.
S C È N E   P R E M I È R E
Cicéron, Craſſus, Caton, et le reſte des ſénateurs.
C I C É R O N.

Arbitres ſouverains de Rome et de ſes lois,
Qui parmi vos ſujets comptez les plus grands rois,
Je ne viens point ici, jaloux de votre gloire,
Briguer avec éclat le prix d’une victoire ;
Le ſort, à mes pareils prodiguant ſes faveurs,
Me réſervait le ſoin d’annoncer des malheurs :
De mon amour pour vous tel eſt le premier gage,
Et de mon conſulat le funeſte partage.
Tandis qu’enorgueillis par tant d’heureux travaux
Vous pouviez méditer des triomphes nouveaux,
De la terre et des mers vous promettre l’empire,
Un ſeul homme à vos yeux travaille à vous proſcrire :
Pourrai-je ſans frémir nommer Catilina,
L’héritier des fureurs du barbare Sylla ;
Lui que la cruauté, l’orgueil, et l’inſolence,
N’ont que trop parmi nous ſignalé dès l’enfance !