Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/264

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Je veux, pour l’en punir, employer à mon tour
Aux plus noirs attentats ſes ſoins et ſon amour :
Va, ce n’eſt point à moi, dès qu’il s’agit d’offenſe,
Que l’on doive donner des leçons de vengeance ;
De ce ſoin ſur mon cœur tu peux te repoſer :
C’eſt aujourd’hui qu’il faut tout perdre et tout oſer.
Je vais ſolliciter la défenſe des portes,
Et l’ordre d’y placer de nouvelles cohortes,
Sur le prétexte vain de quelque affreux projet
Dont je puis avoir ſeul pénétré le ſecret.
Ce n’eſt pas tout ; je veux par Tullie elle-même
M’aſſurer cet emploi, s’il eſt vrai qu’elle m’aime :
Sur ce fatal décret je vais la prévenir ;
C’eſt de ſon amour ſeul que je veux l’obtenir.
Dans trois heures au plus le jour va diſparaître :
Des poſtes d’alentour il faut te rendre maître.
Probus ne m’a fait voir qu’un eſprit chancelant ;
Prévenons les retours d’un conjuré tremblant,
Et de la même main ſonge à punir Fulvie
De ſes forfaits nouveaux et de ſa perfidie.
Plus de ménagements, de pitié, ni d’égards :
Le feu, le fer, le ſang, voilà mes étendards.