Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/418

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enfans, ils les aiment, s’intéressent pour eux; si les enfans des différens Dieux sont en querelles, les Dieux y sont aussi: tout cela se tient.

La seconde chose qui favorise beaucoup les erreurs, est le respect de l’Antiquité. Nos Pères l’ont cru; prétendrions-nous être plus sages qu’eux ? Ces deux choses, jointes ensemble, font des merveilles. L’une, sur le moindre fondement que la foiblesse de la nature humaine ait donné, étend une sottise à l’infini, et l’autre la conserve à jamais: l’une, parce que nous sommes déjà sots, nous engage à l’être davantage; et l’autre nous défend de cesser de l’être, parce que nous l’avons été long-temps.

Voilà certainement ce qui a poussé les fables à ce haut degré d’absurdité où elles sont arrivées, et ce qui les y a maintenues; car ce que la nature y a mis directement du sien, n’étoit ni tout-à-fait si ridicule, ni en si grande quantité: et les hommes ne sont point si foux, qu’ils eussent pu d’abord enfanter de telles rêveries, y ajouter foi, et être un fort long temps à s’en désabuser, à moins qu’il ne s’y mêlât ce que nous avons dit.