Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/419

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Examinons les erreurs de ces siècles-ci; nous trouverons que les mêmes choses les ont établies, étendues et conservées. Il est vrai que nous ne sommes arrivés à aucune absurdité si considérable que les anciennes fables des Grecs; mais c’est que nous ne sommes pas partis d’abord d’un point si absurde. Nous savons aussi bien qu’eux étendre et conserver nos erreurs, mais heureusement elles ne sont pas si grandes. Lorsque les Chrétiens, et même avant eux quelques Philosophes, vinrent à découvrir publiquement le ridicule des fables païennes, que n’imagina-ton pas pour tâcher de les défendre ? On alla jusqu’à les réduire en allégories, parce qu’assurément le sens littéral étoit insoutenable; et l’on attribua aux premiers hommes, c’est-à-dire à des hommes très-grossiers et très-ignorans, d’avoir su tous les secrets de physique et de morale, et d’avoir eu l’art de les envelopper sous des images empruntées. Il falloit qu’on Mt réduit à une étrange extrémité pour entreprendre de justifier les fables par cette voie-là; mais à l’heure qu’il est, lorsqu’une erreur est en possession de nos esprits, que ne