Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/420

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faisons-nous pas pour empêcher qu’on l’en arrache ? à quoi n’avons-nous pas recours pour la soutenir ?

Je ne pousserai pas plus loin le parallèle des fables anciennes et de nos erreurs. Je veux seulement montrer comment on peut dans ces fables étudier les égaremens de l’esprit humain, voir d’où il part, et jusqu’où il va; le suivre dans tous les degrés d’absurdité; et ensuite nous faire à nous-mêmes l’application de ce que nous aurons trouvé et dans d’autres Peuples et dans d’autres siècles, fort assurés qu’il y aura toujours sujet de la faire.

Si l’histoire fabuleuse nous donne matière d’étudier les erreurs de l’esprit humain, nous devons chercher dans l’histoire véritable la connoissance des passions de cœur; il semble que ces deux sortes d’histoires aient partagé l’homme ensemble. Il y a une troisième chose qui résulte et des opinions de l’esprit, et des passions du cœur; ce sont les mœurs des hommes, leurs coutumes, leurs différens usages: et c’est ordinairement ce que l’histoire nous montre le moins,