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Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/5

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PHILIPPE DESPORTES






I


Lorsque après avoir quitté Dampierre et marché pendant un quart d’heure on laisse sur la gauche le village de Senlisse, allongé comme un ruban au pied de la colline, on arrive bientôt à une gorge, où une petite rivière se précipite de rochers en rochers. Avant de former ces cascatelles, sous des arbres centenaires, elle traverse plusieurs étangs considérables, que l’on pourrait, jusqu’à un certain point, nommer des lacs. Ils occupent en partie une grande vallée, dont les pentes montrent çà et là des blocs de grès mêlés à la verdure. On l’appelle les Vaux de Cernay, la petite ville de Cernay, construite sur un plateau, dominant son extrémité orientale. Au bord de la seconde nappe d’eau que l’on rencontre, se dressent les ruines d’une antique abbaye. Son église spacieuse a perdu ses voûtes et son transsept ; mais la nef encore debout, protégeant plusieurs files de peupliers, découpe sur l’azur du ciel ses fenêtres vides, où murmurent tous les vents. Une aile de l’habitation destinée aux religieux subsiste aussi, mais transformée en maison de campagne.

Ce monastère eut pour supérieur Philippe Desportes, qui en toucha au moins trente ans les revenus, car la fortune ne fit pas la prude envers lui et le combla tout jeune de ses faveurs. Quelques strophes bien senties, dans lesquelles il peint les beautés des champs, lui furent sans doute inspirées par les sites d’alentour, les plus pittoresques, les plus frais, les plus accidentés que l’on trouve aux environs de Paris et qui devaient, pendant le seizième siècle, offrir un aspect bien préférable encore, avec