Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je suis d’advis de faire et de les laisser dire,
Ils en auront la paine et nous le passetans.


AUTRE

J’aimois un peu Phillis, mais lorsqu’elle m’aima
Dans mon sang échauffé du soulphre elle sema :
Mes yeux auparavant la jugeoient assez belle,
Et depuis je la trouve une Venus nouvelle.
Phyllis, continuez, aimez tousjours ainsi,
Mes feux et vos beautez continueront aussi ;
Mais, en ne poursuivant les amours commencées,
Vous rendez vos beautez et mes flammes passées.


AUTRE

Hier, Parthenie, entre cent damoiselles
Sans y panser hautement soupira :
Helas ! Amour, que n’avois-je des ailes,
Pour découvrir où ce soupir tira ?


AUTRE

Je t’apporte, ô sommeil ! du vin de quatre années,
Du laict, des pavots noirs aux testes couronnées,
Vueilles tes ailerons en ce lieu desployer,
Tant qu’Alison, la vieille accroupie au foyer,
Qui, d’un poulce retors et d’une dent mouillée,
Sa quenouille chargée a quasi despouillée,
Laisse choir le fuseau, cesse de babiller,
Et de toute la nuict ne se puisse éveiller ;
Afin qu’à mon plaisir j’embrasse ma rebelle,
L’amoureuse Ysabeau, qui soupire aupres d’elle.


AUTRE

Quand par les rochers montagneux
Pasiphœ, de fureur contrainte,
Suivoit son amant dédaigneux,
On dit qu’elle fit cette plainte :
« Ô Venus, fille de la mer !
Qui causes ma flamme enragée,
Puis qu’un bœuf tu me fais aimer,
Qu’en vache ne m’as-tu changée ? »