Page:Œuvres de Robespierre.djvu/104

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consiste à déployer un grand caractère, et à immoler les préjugés serviles aux principes salutaires de la raison et de la philosophie ; elle consiste à sauver la patrie et à cimenter la liberté par un grand exemple donné à l’univers. Je vois sa dignité s’éclipser à mesure que nous oublions cette énergie des maximes républicaines, pour nous égarer dans un dédale de chicanes inutiles et ridicules, et que nos orateurs, à cette tribune, font faire à la nation un nouveau cours de monarchie. La postérité vous admirera ou vous méprisera selon le degré de vigueur que vous montrerez dans cette occasion ; et cette vigueur sera la mesure aussi de l’audace ou de la souplesse des despotes étrangers avec vous : elle sera le gage de notre servitude ou de notre liberté, de notre prospérité ou de notre misère. Citoyens, la victoire décidera si vous êtes des rebelles ou les bienfaiteurs de l’humanité ; et c’est la hauteur de votre caractère qui décidera la victoire. » « Oui, je le déclare hautement, poursuit Robespierre, je ne vois plus désormais dans le procès du tyran qu’un moyen de vous ramener au despotisme par l’anarchie ! C’est pour cela qu’on veut changer toutes les assemblées de canton, toutes les sections des villes en autant de lices orageuses, où l’on combattra pour ou contre la personne de Louis, pour ou contre la royauté ; ce projet ne tend qu’à détruire la Convention elle-même : on remettra en question, jusqu’à la proclamation de la république dont la cause se lie naturellement aux questions qui concernent le roi détrôné. C’est le moyen de provoquer la guerre civile… C’est se jouer de la majesté du peuple souverain que de lui renvoyer une affaire qu’il vous a chargés de terminer promptement. Et de quel droit faites-vous l’injure au peuple de douter de son amour pour la liberté ? » Puis Robespierre dénonce de nouveau qu’il existe un projet d’avilir la Convention et de la dissoudre : « Déjà, dit-il, pour éterniser la discorde et se rendre maître des délibérations, on a imaginé de distinguer l’Assemblée en majorité et minorité ;