Page:Œuvres de Robespierre.djvu/105

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nouveau moyen d’outrager et de réduire au silence ceux qu’on désigne sous cette dernière dénomination. Je ne connais point ici ni minorité, ni majorité. La majorité est celle des bons citoyens ; la majorité n’est point permanente, parce qu’elle n’appartient à aucun parti ; elle se renouvelle à chaque délibération libre, parce qu’elle appartient à la cause publique et à l’éternelle raison ; et quand l’Assemblée reconnaît une erreur, comme il arrive quelquefois, la minorité devient alors la majorité. La volonté générale ne se forme point dans les conciliabules ténébreux, ni autour des tables ministérielles. La minorité a partout un droit éternel, c’est celui de faire entendre la voix de la vérité ou de ce qu’elle regarde comme tel. La vertu fut toujours en minorité sur la terre. Sans cela, la terre serait-elle peuplée de tyrans et d’esclaves ? Hampden et Sidney étaient de la minorité, car ils expirèrent sur un échafaud : les Critias, les Anitus, les César, les Clodius, étaient de la majorité ; mais Socrate était de la minorité, car il avala la ciguë ; Caton était de la minorité, car il déchira ses entrailles. Je connais ici beaucoup d’hommes qui serviront, s’il le faut, la liberté à la mode de Sidney et d’Hampden ; et n’y en eût-il que cinquante, cette seule pensée doit faire frémir tous ces lâches intrigants qui veulent égarer la majorité. En attendant cette époque, je demande au moins la priorité pour le tyran. Unissons-nous pour sauver la patrie, et que cette délibération prenne enfin un caractère plus digne de nous et de la cause que nous défendons. Bannissons du moins tous ces déplorables incidents qui la déshonorent ; ne mettons pas à nous persécuter plus de temps qu’il n’en faut pour juger Louis. » Robespierre termine son discours en demandant que la Convention déclare Louis coupable et digne de mort.