Page:Œuvres de Robespierre.djvu/106

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Année 1793.


Séance du 6 janvier[1]. — L’ordre du jour appelle la discussion sur la proposition de supprimer la permanence des sections de Paris. Barère, président, ayant mis aux voix si le ministre de l’intérieur serait entendu avant Robespierre, celui-ci s’écrie : « La liberté des opinions n’existe-t-elle donc que pour les calomniateurs et les ministres factieux ? » Une partie entière de l’Assemblée se soulève contre l’orateur, et demande qu’il soit censuré. — On réclame d’un autre côté avec chaleur que Robespierre soit entendu. — Cet état d’agitation dure pendant plusieurs instants. « J’ai le droit de parler… Sans doute, je n’ai point comme tant d’autres un cœur vénal… (Violents murmures). Les cris des intrigants ne m’imposeront pas… (Le trouble s’accroît). » — Les apostrophes les plus vives sont échangées entre les divers

  1. Dans cette séance du 6 janvier fut lue à l’Assemblée une adresse du conseil général du département du Finistère demandant l’expulsion de Robespierre.

    « Représentants, nous voulons la république une et indivisible ; nous voulons la liberté et l’égalité et le bonheur du peuple… Nous voulons l’ordre et la paix : nous voulons une représentation nationale permanente ; mais nous la voulons pure, nous la voulons libre, puissante, respectée, grande comme la nation dont elle est l’interprète, capable surtout de s’élever au-dessus de tous les despotismes, et de faire taire les clameurs insolentes et séditieuses de ce ramas de factieux stipendiés par un parti secret, et peut-être par des despotes étrangers, pour troubler l’ordre de vos séances. Ce n’est pas assez, représentants, de contenir et de réprimer ces vils mercenaires, vos plus grands ennemis sont dans votre sein. Les Marat, les Robespierre, les Danton, les Chabot, les Bazire, les Merlin et leurs complices, voilà les anarchistes, voilà les vrais contre-révolutionnaires… » — À peu de temps de là, la société populaire d’Amiens envoya à la Convention une adresse conçue dans le même sens.