Page:Œuvres de Robespierre.djvu/24

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que, chère à tous les citoyens, parce que tous peuvent y être appelés par le choix de tous. La voix des vrais représentants du peuple peut arrêter le ministre le plus audacieux dans ses injustes projets, parce qu’elle est celle du peuple même dont les puissantes réclamations peuvent facilement entraîner sa chûte. »

Le plus grand inconvénient des assemblées qui ne sont pas issues du libre suffrage de la nation est d’être entre les mains des despotes un instrument docile, d’autant plus dangereux qu’il semble donner aux empiétements du pouvoir une apparence de légalité.

Passant aux faits particuliers, Robespierre dénonce les charges énormes dont on a accablé la province ; il rappelle les libéralités inutiles votées au détriment de la province, et entr’autres une somme immense, donnée en dot à la fille d’un gouverneur excessivement riche, quand on ne trouvait pas d’argent pour fournir au peuple l’éducation et le pain. On se disait pauvre lorsqu’il s’agissait d’encourager la valeur, de soulager l’humanité ; mais il semblait que la province fût inépuisable quand il s’agissait de courtiser quelqu’intrigant en crédit.

Aussi quel spectacle présente cette province désolée ! « Nos campagnes, » s’écrie-t-il, « offrent de toutes parts à nos yeux des infortunés qui arrosent des larmes du désespoir cette terre que leurs sueurs avaient en vain fertilisée ; la plus grande partie des hommes qui habitent nos villes et nos campagnes sont abaissés par l’indigence à ce dernier degré de l’avilissement où l’homme, absorbé tout entier par les soins qu’exige la conservation de son existence, est incapable de réfléchir sur les causes de ses malheurs et de reconnaître les droits que la nature lui a donnés. Et nous trouvons encore des sommes immenses pour fournir aux vaines dépenses du luxe et à des largesses aussi indécentes que ridicules ! Et je pourrais contenir la douleur qu’un tel spectacle doit exciter dans l’âme de tous les honnêtes gens !