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Page:Œuvres de Robespierre.djvu/70

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des rois… Comment justifier d’ailleurs, dans le système du comité, l’accusation dirigée contre les trois gardes-du-corps et le gouvernement du dauphin, contre M. de Bouillé lui-même ? Si le roi n’est pas coupable, il n’y a point de délit ; où il n’y a point de délit, il n’y a pas de complice : messieurs, si épargner un coupable est une faiblesse, immoler un coupable plus faible au coupable puissant, c’est une injustice. Vous ne pensez pas que le peuple français soit assez vil pour se repaître du spectacle du supplice de quelques victimes subalternes ; ne pensez pas qu’il voie sans douleurs ses représentants suivre encore la marche ordinaire des esclaves, qui cherchent toujours à sacrifier le faible au fort, et ne cherchent qu’à tromper et à abuser le peuple pour prolonger impunément l’injustice et la tyrannie ! (Applaudissements.) Non, messieurs, il faut ou prononcer sur tous les coupables, ou prononcer l’absolution générale de tous les coupables. »

Robespierre concluait donc à ce que l’Assemblée décrétât qu’elle consultera le vœu de la nation pour statuer sur le sort du roi. Il concluait aussi à ce que l’Assemblée convoquât promptement la nomination de ses successeurs : indépendamment des factions qui se coalisent contre le peuple la perpétuité du pouvoir dans les mêmes mains pourrait alarmer la liberté publique : « Il faut rassurer la nation contre la trop longue durée d’un gouvernement oligarchique[1]. »

  1. Robespierre, d’ailleurs, ne consentait pas encore à envisager le changement de la forme du gouvernement. « Qu’on m’accuse si l’on veut de républicanisme, disait-il dans ce discours, je déclare que j’aborrhe toute espèce de gouvernement où les factieux règnent. Il ne suffit pas de secouer le joug d’un despote, si l’on doit retomber sous le joug d’un autre despotisme : l’Angleterre ne s’affranchit du joug de l’un de ses rois, que pour retomber sous le joug plus avilissant encore d’un petit nombre de ses concitoyens. » — « Je ne