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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/271

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Pour gardien de la Bavière, il laisse l’ennemi qu’il va combattre.

« Vraiment ! oui, cela est ainsi ! réellement ainsi ! on me l’a écrit, » s’écria le pontife romain, lorsqu’il reçut cette nouvelle.


LA PLAINTE DE LA JEUNE FILLE[1].


La forêt de chênes mugit, les nuages avancent ; la jeune fille est assise sur le vert rivage ; le flot se brise, se brise avec force, et elle jette ses soupirs dans la sombre nuit, l’œil obscurci par les larmes[2]

« Le cœur est mort, le monde est vide, et n’offre plus rien désormais au désir. Ô sainte, rappelle ton enfant ! J’ai joui du bonheur terrestre : j’ai vécu, j’ai aimé.

« — En vain coulent et ruissellent les larmes : la plainte, hélas ! ne réveille pas les morts ; mais nomme-moi ce qui console et guérit le cœur, quand s’est évanouie la joie du doux amour. Je ne veux pas, du haut des cieux, te le refuser.

« — Laisse couler, ruisseler les vaines larmes ! Que ma plainte n’éveille pas celui qui n’est plus ! Le bonheur le plus doux pour le cœur affligé, quand s’est évanouie la joie du bel amour, ce sont les douleurs de l’amour et ses plaintes. »

  1. Ce petit poème est, selon toute apparence, de 1798. Il parut d’abord dans l’Almanach des Muses de 1799. Thécla chante les deux premières stances, dans le IIIe acte des Piccolomini, scène vii.
  2. Dans les Piccolomini, il y a wandelt, « se promène, erre, » pour sitzet, « est assise, » et singt hinaus, « jette son chant, » pour seufzt hinaus, « jette ses soupirs. »