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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/423

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yeux de céleste rosée, afin qu’il ne voie pas le Styx, le fleuve détesté, et qu’il lui semble être un des nôtres.

Elle murmure, elle petille, la céleste source ! Le cœur s’apaise, l’œil s’éclaircit.


À EMMA[1]


Dans le lointain gris et brumeux gît mon bonheur passé ; il n’y a plus qu’une belle étoile où mon regard encore s’arrête avec amour. Mais, comme l’éclat d’une étoile au ciel, ce n’est qu’une lueur dans la nuit.

Si le long sommeil, si la mort fermait tes yeux, ma douleur du moins te posséderait : tu vivrais pour mon cœur. Mais, hélas ! tu vis, à la lumière du jour: pour mon amour tu ne vis plus.

Le charmant désir de l’amour, Emma, peut-il être éphémère ? Ce qui a fui, ce qui passe, Emma, peut-il être l’amour ? L’ardeur céleste de sa flamme meurt-elle comme un bien terrestre ?

  1. Publié d’abord dans l’Almanach des Muses de 1798, sous le titre d’Élégie à Emma.