Elle tombe avec vous ! avec vous elle s’élèvera ! La sainte magie de la poésie a son rôle bienfaisant dans un sage plan du monde : que doucement elle nous guide à l’océan de la grande harmonie.
Repoussée par son siècle, que l’austère Vérité se réfugie dans la poésie, et trouve protection dans le chœur des Muses. Dans toute la plénitude de son éclat, plus redoutable sous le voile de la grâce, qu’elle ressuscite dans le chant, et punisse par ses accents victorieux l’oreille timide et lâche de son persécuteur.
Libres enfants de la mère la plus libre, élevez-vous, le regard ferme, au trône radieux de la plus haute beauté. Ne briguez pas d’autres couronnes ! La sœur qui a disparu ici à vos yeux, vous la retrouverez dans le sein de sa mère ; ce que de belles âmes ont noblement senti ne peut être qu’excellent et parfait. Élevez-vous, d’une aile hardie, au-dessus du cours de votre temps ! Que déjà, dans votre miroir, commence à poindre le siècle futur. Par les mille sentiers entrelacés de la riche diversité, venez, les bras ouverts, à la rencontre les uns des autres, devant le trône de l’unité suprême. Comme la blanche lumière se divise gracieusement en sept doux rayons, comme les sept rayons de l’arc-en-ciel se fondent dans la blanche lumière, ainsi jouez-vous en mille clartés magiques, aux regards enivrés ; ainsi refluez, confondus, dans un seul faisceau de vérité, dans un seul torrent de lumière.