Page:Œuvres de Spinoza, trad. Appuhn, tome I.djvu/253

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chose qui n’eût aucun commerce avec d’autres choses, à supposer qu’il y ait[N 1] de cette chose une essence objective, s’accordant en tout avec son essence formelle, elle aussi n’aurait[1] aucun commerce avec d’autres idées, c’est-à-dire que nous n’en pourrons rien conclure. Au contraire les choses ayant commerce avec d’autres, comme toutes celles qui existent dans la Nature, seront connues et leurs essences objectives auront entre elles le même commerce, c’est-à-dire que d’autres idées s’en déduiront, lesquelles auront à leur tour commerce avec d’autres et ainsi croîtront de nouveaux instruments pour aller plus avant. Ce que je cherchais à démontrer. Pour poursuivre enfin, de ce que nous avons dit en dernier, à savoir que l’idée doit s’accorder entièrement avec l’essence formelle correspondante, il suit clairement que, d’une manière générale, pour présenter un tableau de la Nature, notre esprit doit faire sortir toutes ses idées de celle qui représente la source et l’origine de la Nature entière, de façon que cette idée soit aussi la source des autres idées.

(29) Peut-être ici s’étonnera-t-on qu’après avoir dit que la bonne méthode est celle qui montre comment l’esprit doit être dirigé selon la norme de l’idée vraie donnée, nous le prouvions par le raisonnement : ce qui semble indiquer que cela n’est pas connu de soi. On

  1. Avoir commerce avec d’autres choses, c’est être produit par d’autres choses ou en produire.


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