sition seizième où l’on peut dire que Spinoza est tout entier :
Il est de la nature de la Substance de se développer nécessairement par une infinité d’attributs infinis infiniment modifiés.
Tennemann reproche à Spinoza de n’avoir pas suffisamment établi cette proposition, et il a bien raison. Mais ce n’est pas là seulement, comme cet habile homme paraît le croire, une proposition très-importante ; c’est l’idée même du système, et pour emprunter à Spinoza son langage, c’est le postulat de sa philosophie.
Spinoza a consacré toute la première partie de l’Éthique à exposer sa théorie de la nature divine. Son premier soin est de démontrer l’impossibilité absolue de la production d’une Substance.
Après avoir rappelé la nature de la Substance[1], il considère tour à tour l’hypothèse de la création ou production d’une substance dans le cas où la substance qui produit et la substance qui est produite auraient des attributs identiques[2], et dans celui où leurs attributs seraient divers[3]. Il réfute successivement ces deux hypothèses, et conclut en général qu’une substance ne peut être produite par une autre substance,[4] et plus généra-