Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome I.djvu/44

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mais l’expression rigoureuse de l’intuition immédiate des êtres réels. Les vrais principes, aux jeux de ce métaphysicien-géomètre, ce ne sont pas les axiomes, lesquels ne donnent que des vérités générales ce sont les définitions, car les définitions donnent les essences.

Voici les quatre définitions fondamentales :

« J’entends par Substance ce qui est en soi et est conçu par soi, c’est-à-dire ce dont le concept peut être formé sans avoir besoin du concept d’aucune autre chose[1].

« J’entends par Attribut ce que la raison conçoit dans la Substance comme constituant son essence[2].

« J’entends par Mode les affections de la Substance, ou ce qui est dans autre chose et est conçu par cette même chose[3].

« J’entends par Dieu un être absolument infini, c’est-à-dire une Substance constituée par une infinité d’attributs infinis dont chacun exprime une essence éternelle et infinie[4].

« explication. Je dis absolument infini, et non pas infini en son genre car toute chose qui est infinie seulement en son genre, on en peut nier une infinité d’attributs ; mais quant à l’Être absolument infini, tout ce qui exprime une essence et n’enveloppe aucune négation appartient à son essence. »

Tout philosophe remarquera l’étroite connexion de ces quatre définitions. Mais il y a un théorème de Spinoza où lui-même les a enchaînées avec une précision et une force singulières ; c’est dans le De Deo, la propo-

  1. Éthique, part. 1, Definition 3.
  2. Définition 4.
  3. Définition 5.
  4. Définition 6.