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Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/258

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Dieu, » dit-il, « s’était souvent fait entendre à Ézéchiel, fils de Buzé, prêtre dans le pays des Chaldéens. » C’est comme s’il disait expressément que les prophéties d’Ézéchiel, dont il va faire le récit, sont une suite de révélations antérieures qu’Ézéchiel avait reçues de Dieu. Une autre preuve, c’est que Josèphe, dans ses Antiquités (liv. X, chap. IX), nous rapporte qu’Ézéchiel prédit à Zédéchias qu’il ne verrait pas Babylone. Or nous ne trouvons pas cette prophétie dans le livre d’Ézéchiel que nous avons aujourd’hui ; tout au contraire, nous y voyons, au chapitre XVII, que Zédéchias sera conduit en captivité à Babylone[1]. — Pour Hosée, je ne puis affirmer qu’il ait écrit un plus grand nombre de prophéties que nous n’en avons dans le livre qui porte son nom. Et toutefois il y a lieu d’être surpris qu’il nous reste si peu de chose d’un prophète qui, au témoignage de l’écrivain sacré, a prophétisé pendant plus de quatre-vingt-quatre ans.

Nous savons du moins en général que les Écritures ne contiennent ni tous les prophètes, ni toutes les prophéties de ceux qui n’ont pas entièrement péri. Ainsi nous n’avons absolument rien de tous les prophètes qui ont prophétisé sous le règne de Manassé, et dont il est fait mention dans le livre II des Paralipomènes (chap. XXXIII, vers. 10, 18 et 19) ; et quant aux douze petits prophètes, nous sommes loin de posséder toutes leurs prophéties. Il me suffira de citer Jonas, dont nous n’avons que la prophétie qu’il adressa aux Ninivites ; or nous savons qu’il prophétisa aussi aux Israélites, comme on le voit par le second livre des Rois (chap. XIV, vers. 25).

Le livre de Job et Job lui-même ont fait l’objet d’un grand nombre de controverses. Quelques-uns pensent que Moïse est l’auteur de ce livre, et que l’histoire de Job tout entière n’est qu’une parabole. C’est l’opinion de certains rabbins dans le Talmud ; et Maimonide, dans son livre More Nebuchim, y incline fortement. D’autres ad-

  1. Voyez les Notes marginales de Spinoza, note 22.