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XXVIII
la vie de spinoza.

du fils de Dieu n’est autre chose que la sagesse éternelle, qui, s’étant montrée généralement en toutes choses, et particulièrement en nos cœurs et en nos âmes, s’est enfin manifestée d’une manière tout extraordinaire en Jésus-Christ. Il dit, un peu plus bas, qu’il est vrai que quelques Églises ajoutent à cela que Dieu s’est fait homme ; « mais, dit-il, j’ai marqué positivement que je ne connais rien à ce qu’ils veulent dire (Quod quædam Ecclesiæ his addunt, quod Deus naturam humanam assumpserit, monui expresse me quid dicant nescire, etc.). » — « Et cela, dit-il encore, me paraît aussi étrange que si quelqu’un avançait qu’un cercle a pris la nature d’un triangle ou d’un carré. » Ce qui lui donne occasion, sur la fin de sa vingt-troisième lettre, d’expliquer le célèbre passage de saint Jean, le Verbe s’est fait chair, ch. 1, v. 14, par une façon de parler familière aux Orientaux, et de le tourner ainsi : Dieu s’est manifesté en Jésus-Christ d’une manière toute particulière.

Dans mon sermon, j’ai expliqué simplement et en peu de paroles comment, dans ses vingt-troisième et vingt-quatrième lettres, il tâche d’anéantir le mystère de la résurrection de Jésus-Christ, qui est une doctrine capitale parmi nous, et le fondement de nos espérances et de notre consolation. Je ne dois pas m’arrêter plus longtemps à rapporter les autres impiétés qu’il enseigne.

QUELQUES ÉCRITS DE SPINOZA QUI N’ONT POINT ÉTÉ IMPRIMÉS.

Celui qui a eu soin de publier les Œuvres posthumes de Spinoza compte parmi les écrits de cet auteur qui n’ont point été imprimés un Traité de l’Iris ou de l’arc-en-ciel. Je connais ici, à la Haye, des personnes distinguées qui ont vu et lu cet ouvrage, mais qui n’ont pas conseillé à Spinoza de le donner au public ; ce qui peut-être lui fit de la peine et le fit résoudre à jeter cet écrit au feu six mois avant sa mort, comme les gens du logis où il demeurait m’en ont informé. Il avait encore commencé une traduction du Vieux Testament en flamand, sur quoi il avait souvent conféré avec des personnes savantes dans les langues, et s’était informé des explications que les chrétiens donnaient à divers passages. Il y avait déjà longtemps qu’il avait achevé les cinq livres de Moïse, quand, peu de jours avant sa mort, il jeta tout cet ouvrage au feu dans sa chambre.