Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/40

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en fait de religion, il y a apparence qu’ils ne se fussent pas ainsi joués du terme de bienheureux qu’ils employaient ; ou est-ce qu’ils s’en sont servis selon le train ordinaire, qui souffre quelquefois l’abus qu’on fait de semblables expressions à l’égard même de personnes mortes dans le désespoir ou dans l’impénitence finale ?

Spinoza étant enterré, son hôte fit faire l’inventaire des biens meubles qu’il avait laissés. Le notaire qu’il employa donna un compte de ces vacations en cette forme : “ Guillaume van den Hove, notaire, pour avoir travaillé à l’inventaire des meubles et effets du feu sieur Benoît de Spinoza… ” Ses salaires se montent à la somme de dix-sept florins et huit sous ; plus bas il reconnaît avoir été payé de cette somme, le 14 novembre 1677.

Rébecca de Spinoza, sœur du défunt, se porta pour son héritière, et en passa sa déclaration à la maison où il était mort. Cependant, comme elle refusait de payer préalablement les frais de l’enterrement et quelques dettes dont la succession était chargée, le sieur Van der Spyck lui en fit parler à Amsterdam, et la fit sommer d’y satisfaire, par Robert Schmeding, porteur de sa procuration. Libertus Lœf fut le notaire qui dressa cet acte et le signa, le 30 mars 1677. Mais, avant de rien payer, elle voulait voir clair et savoir si, les dettes et charges payées, il lui reviendrait quelque chose de la succession de son frère. Pendant qu’elle délibérait, Van der Spyck se fit autoriser par justice à faire vendre publiquement les biens et meubles en question, ce qui fut aussi exécuté ; et les deniers provenant de la vendue étant consignés au lieu ordinaire, la sœur de Spinoza fit arrêt dessus ; mais voyant qu’après le payement des frais et charges il ne restait que peu de chose ou rien du tout, elle se désista de son opposition et de toutes ses prétentions. Le procureur Jean Lukkas, qui servit Van der Spyck en cette affaire, lui porta en compte la somme de trente-trois florins seize sous, dont il donna sa quittance datée du 1er juin 1678. La vendue desdits meubles avait été faite ici à la Haye, dès le 4 novembre 1677, par Rykus Van Stralen, crieur juré, comme il parait par le compte qu’il en rendit daté du même jour.

Il ne faut que jeter les yeux sur ce compte pour juger aussitôt que c’était l’inventaire d’un vrai philosophe ; on n’y trouve que quelques livrets, quelques tailles-douces ou estampes, quelques morceaux de verres polis, des instruments pour les polir, etc.

Par les hardes qui ont servi à son usage, on voit encore combien