Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/172

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XXXIV
La moindre chose, un rien, elle était bien coiffée ; —
Chaque bout de ruban, chaque fleur était fée ;
Tout ce qui la touchait devenait précieux ;
Tout était de bon goût, et (qualité bien rare)
Quel que fût son habit, galant, riche ou bizarre,
On n’apercevait qu’elle, — elle seule, — ses yeux
Faisaient des diamants pâlir les étincelles.
Les perles de ses dents paraissaient les plus belles,
La blancheur de sa peau ternissait le satin.
Désinvolture, esprit lutin, grâce câline, —
Tour à tour Camargo, Manon Lescaut, Philine,
Une ravissante catin !


XXXV
— Le conseiller aulique Hans et Meister Philippe
Pour elle avaient laissé le genièvre et la pipe ;
— C’était vraiment plaisir de voir ces bons flamands,
Types complets, — gros, courts, la face réjouie,
Négligeant leur tulipe enfin épanouie,
Transformés en dandys, et faire les charmants
Auprès de la diva. — Les femmes et les mères
Ne lui ménageaient pas les critiques amères,
Mais elle allait toujours son train, — sans en perdre un,
Et, s’inquiétant peu de ce vain caquetage,
Accueillait tout le monde et recevait l’hommage
Et les rixdales de chacun.