Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/171

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XXXII
Young fût devenu gai, le pleureur Héraclite,
S’essuyant l’œil, eût ri plus fort que Démocrite
Au spectacle plaisant des efforts que faisaient
Les dames de l’endroit, Iris courtes et grasses,
Pour s’habiller comme elle et copier ses grâces ;
— Des ingénuités dont les moindres pesaient
Trois ou quatre quintaux ; — des faces rubicondes
Avec des fleurs, des nœuds de rubans, et des blondes,
— Des montagnes de chair à la Rubens, — au lieu
De bons velours d’Utrecht, de brocards à ramages,
Portant de fins tissus, des gazes, des nuages !
Quel travestissement, bon dieu !


XXXIII
Notre héroïne au reste était toujours charmante,
Parée ou non, — avec son voile, avec sa mante,
En bonnet, en chapeau, — de toutes les façons !
— Tout sur elle vivait. — Les plis semblaient comprendre
Quand il fallait flotter et quand il fallait pendre ;
La soie intelligente arrêtait ses frissons,
Ou les continuait gazouillant ses louanges ;
— Une brise à propos faisait onder ses franges,
Ses plumes palpitaient ainsi que des oiseaux
Qui vont prendre l’essor et qui battent des ailes ;
— Une invisible main soutenait ses dentelles
Et se jouait dans leurs réseaux.