Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

 


XXXVIII
Qui cause ce chagrin ? En se levant, s’est-elle
Dans sa glace trouvée ou vieillie ou moins belle ?
— A-t-elle découvert dans ses boucles de jais
Un pâle fil d’argent ? à ses dents une tache ?
Les deux bouts du ruban, sous la main qui l’attache
Seraient-ils donc trop courts pour son corps plus épais ?
— Cette robe attendue et sur laquelle on compte
Pour enlever à miss Wilmot le cœur du comte,
S’est-elle déchirée ou fripée en chemin ?
Son épagneul est-il malade ? — Quelque fièvre,
Après trois nuits de bal, a-t-elle de sa lèvre
Décoloré le pur carmin ?


XXXIX
Son œil est-il moins vif, son col moins blanc ? L’ovale
De son visage grec moins pur ? — Quelque rivale,
Avec plus de jeunesse ou plus de diamants,
A-t-elle au dernier raoût fait tourner plus de têtes ?
Non, — elle est bien toujours la déesse des fêtes ; —
Tout ploie à ses genoux. — Hier, l’un de ses amants
Pris d’un beau désespoir, la voyant infidèle,
S’est jeté dans le Rhin ; — et ce matin, pour elle,
Ludwig De Siegendorff en duel s’est battu ;
Son adversaire est mort, — lui blessé ; — voilà certe
Un beau succès ! — Tout Leyde est en l’air et disserte.
Pourquoi donc ce front abattu ?