Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/187

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LXIV
C’était là le motif qui faisait que sa porte
Était fermée à tous. En effet, eh ! Qu’importe
À son cœur occupé cette cour qui la suit ?
Ces beaux fils, ces dandys qui l’enchantaient naguères
Lui semblent maintenant ou guindés ou vulgaires ;
Leurs madrigaux musqués la fatiguent ; le bruit
Et le jour lui font mal ; tout l’excède et l’ennuie.
Sur sa petite main son front penche et s’appuie,
Son bras potelé pend au bord de son fauteuil,
La pauvre enfant ! Voyez, sa joue est toute pâle.
Le dépit a changé ses roses en opale,
Une larme luit à son œil.


LXV
Le papier que la belle, avec un air d’angoisse,
Dans sa petite main aux ongles roses froisse,
Indubitablement est un billet d’amour,
— Un vélin azuré qui par toute la chambre
Jette une fashionable et suave odeur d’ambre.
— je m’y connais ; — pourtant l’écriture et le tour
Ont quelque chose en soi qui trahissent la femme.
— Est-ce un billet surpris de rivale, ou la dame
Pour son compte écrit-elle à quelque jeune beau ?
Le fait paraît prouvé par cette tache noire
Au bout de ce doigt blanc, et par cette écritoire
Et cette plume de corbeau.
 


LXVI