Aller au contenu

Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

 


LXII
Sur sa lèvre sévère à chaque coin ombrée
D’une fine moustache élégamment cirée
Un sourire moqueur quelquefois se posait ;
Mais son expression la plus habituelle
Était un grand dédain. — Vainement notre belle,
L’ayant revu depuis dans le monde, faisait
Tout ce qu’une coquette en pareil cas peut faire
Pour en grossir sa cour : — chose extraordinaire !
Rien ne put entamer ce cœur de diamant.
Coups d’œil sous l’éventail, soupirs, minauderies,
Aveux à mots couverts, vives agaceries,
— Elle échoua totalement !


LXIII
Ce n’était pas un homme à se laisser surprendre
Aux lacs que Véronique essayait de lui tendre.
— Le grand aigle à la glu, qui retient le moineau,
Laisse à peine une plume ; — une mouche étourdie
À la toile en un coin par l’araignée ourdie
Se prend l’aile, la guêpe emporte le réseau ;
Gulliver d’un seul coup rompt les chaînes de soie
Des lilliputiens. Une si belle proie
Valait bien cependant qu’on y prît peine ; aussi,
Excepté de lui dire en propres mots : je t’aime,
Elle essaya de tout ; — mais lui, toujours le même,
N’en prit aucunement souci.