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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/193

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LXXVI
L’ombre dans chaque coin s’entasse plus profonde
Que sous les vieux arceaux d’une nef. — C’est un monde,
Un univers à part qui ne ressemble en rien
À notre monde à nous ; — un monde fantastique,
Où tout parle aux regards, où tout est poétique,
Où l’art moderne brille à côté de l’ancien ;
— Le beau de chaque époque et de chaque contrée,
Feuille d’échantillon, du livre déchirée ;
Armes, meubles, dessins, plâtres, marbres, tableaux,
Giotto, Cimabué, Ghirlandaio, que sais-je ?
Reynolds près de Hemskerk, Watteau près de Corrége,
Pérugin entre deux Vanloos.


LXVII
Laques, pots du Japon, magots et porcelaines,
Pagodes toutes d’or et de clochettes pleines,
Beaux éventails de Chine, à décrire trop longs,
— Cuchillos, kriss malais à lames ondulées,
Kandjiars, yataghans aux gaînes ciselées,
Arquebuses à mèche, espingoles, tromblons,
Heaumes et corselets, masses d’armes, rondaches,
Faussés, criblés à jour, rouillés, rongés de taches,
Mille objets-bons à rien, admirables à voir ;
Caftans orientaux, pourpoints du moyen-âge,
Rebecs, psaltérions, instruments hors d’usage,
Un antre, un musée, un boudoir !
 


LXXVIII