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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/204

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XCVIII
Moi qui ne suis pas prude, et qui n’ai pas de gaze
Ni de feuille de vigne à coller à ma phrase,
Je ne passerai rien. — Les dames qui liront
Cette histoire morale auront de l’indulgence
Pour quelques chauds détails. — Les plus sages, je pense,
Les verront sans rougir, et les autres crieront.
D’ailleurs, — et j’en préviens les mères de famille,
Ce que j’écris n’est pas pour les petites filles
Dont on coupe le pain en tartines. — Mes vers
Sont des vers de jeune homme et non un catéchisme.
Je ne les châtre pas, — dans leur décent cynisme
Ils s’en vont droit ou de travers,


XCIX
Peu m’importe, selon que dame poésie,
Leur maîtresse absolue, en a la fantaisie,
Et, chastes comme Adam avant d’avoir péché,
Ils marchent librement dans leur nudité sainte,
Enfants purs de tout vice et laissant voir sans crainte
Ce qu’un monde hypocrite avec soin tient caché.
— Je ne suis pas de ceux dont une gorge nue,
Un jupon un peu court, font détourner la vue. —
Mon œil plutôt qu’ailleurs ne s’arrête pas là,
— Pourquoi donc tant crier sur l’œuvre des artistes ?
Ce qu’ils font est sacré ! — Messieurs les rigoristes,
N’y verriez-vous donc que cela ?