Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/206

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Oh ! Le tableau charmant ! — Toute honteuse, et rouge
Comme une fraise en mai, sur sa gorge qui bouge,
Elle penche la tête et croise les deux bras.
— Avec son air mutin, et sa petite moue,
Ses longs cils palpitants qui caressent sa joue,
Sa peau plus brune encor sous la blancheur des draps ;
Avec ses grands cheveux aux naturelles boucles,
Ses yeux étincelants comme des escarboucles,
Son col blond et doré, sa bouche de corail,
Son pied de Cendrillon et sa jambe divine,
Et ce que l’ombre cache et ce que l’on devine,
Seule elle valait un sérail. —


CIII
Les rideaux sont tombés : — des rires frénétiques,
Des cris de volupté, des râles extatiques,
De longs soupirs mourants, des sanglots et des pleurs :
Idolo del mio cuor, anima mia, mon ange,
Ma vie, — et tous les mots de ce langage étrange
Que l’amour délirant invente en ses fureurs,
Voilà ce qu’on entend. — L’alcôve est au pillage,
Le lit tremble et se plaint, le plaisir devient rage ;
— Ce ne sont que baisers et mouvements lascifs ;
Les bras autour des corps se crispent et se tordent,
L’œil s’allume, les dents s’entre-choquent et mordent,
Les seins bondissent convulsifs.