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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/209

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CVIII
La vieille fit : — Hop ! hop ! Et par la cheminée
De reflets flamboyants soudain illuminée,
Deux manches à balais, tout bridés, tout sellés,
Entrèrent dans la salle avec force ruades,
Caracoles et sauts, voltes et pétarades,
Ainsi que des chevaux par leur maître appelés.
— C’est ma jument anglaise et mon coureur arabe,
Dit la sorcière ouvrant ses griffes comme un crabe
Et flattant de la main ses balais sur le col.
— Un crapaud hydropique, aux longues pattes grêles,
Tint l’étrier. — Housch ! Housch ! — Comme des sauterelles
Les deux balais prirent leur vol.


CIX
Trap ! Trap ! — Ils vont, ils vont comme le vent de bise;
— La terre sous leurs pieds file rayée et grise,
Le ciel nuageux court sur leur tête au galop ;
À l’horizon blafard d’étranges silhouettes
Passent. — Le moulin tourne et fait des pirouettes,
La lune en son plein luit rouge comme un fallot ;
Le donjon curieux de tous ses yeux regarde,
L’arbre étend ses bras noirs, — la potence hagarde
Montre le poing et fuit emportant son pendu ;
Le corbeau qui croasse et flaire la charogne,
Fouette l’air lourdement, et de son aile cogne
Le front du jeune homme éperdu.
 


CX