Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/214

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CXVIII
On eût cru voir tourner et flamboyer dans l’ombre
Les signes monstrueux d’un zodiaque sombre ;
L’hippopotame lourd, Falstaff à quatre pieds,
Se dressait gauchement sur ses pattes massives
Et s’épanouissait en gambades lascives.
— Le cul-de-jatte, avec ses moignons estropiés,
Sautait comme un crapaud, et les boucs, plus ingambes,
Battaient des entrechats, faisaient des ronds de jambes.
— Une tête de mort, à pattes de faucheux,
Trottait par terre, ainsi qu’une araignée énorme.
Dans tous les coins grouillait quelque chose d’informe ;
— Des vers rayaient le sol gâcheux. —


CXIX
La chevelure au vent, la joue en feu, les femmes
Tordaient leurs membres nus en postures infâmes ;
Arétin eût rougi. — Des baisers furieux
Marbraient les seins meurtris et les épaules blanches ;
Des doigts noirs et velus se crispaient sur les hanches :
On entendait un bruit de chocs luxurieux.
— Les prunelles jetaient des éclairs électriques,
Les bouches se fondaient en étreintes lubriques :
— C’étaient des rires fous, des cris, des râlements !
Non, Sodome jamais, jamais sa sœur immonde,
N’effrayèrent le ciel, ne souillèrent le monde
De plus hideux accouplements.
 


CXX