Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/277

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À l’air fauve et cruel de ton hideux visage,
Qu’ils étaient bien damnés, et qu’un diable d’enfer
Venait les emporter dans ses griffes de fer ;
L’épouvante crispait leur bouche violette ;
Ils joignaient, pour prier, leurs deux mains de squelette,
Mais tu les retuais sans plus sentir d’effroi
Que pour guillotiner un véritable roi.
Tes rêves n’étaient pas hantés de noirs fantômes,
Toutes les sommités, têtes de rois et dômes,
Devaient fatalement tomber sous ton marteau,
Et tu n’avais pas plus de remords qu’un couteau ;
Tu n’étais que le bras de la nouvelle idée,
Et le sang, comme l’eau, sur ta robe inondée
Coulait et te faisait une pourpre à ton tour.
Ô tueuse de rois, souveraine d’un jour !
Tes forfaits étaient noirs et grands comme l’abîme,
Mais tu gardais au moins la majesté du crime,
Mais tu ne grattais pas la dorure des croix,
Et, si tu profanais les cadavres des rois,
C’était pour te venger, et non pas pour leur prendre
Les anneaux de leurs doigts ni pour les aller vendre !