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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/369

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S’ils n’étaient repoussés par les rudes écailles,
Par les mailles d’acier qui hérissent vos tailles,
Les bras se suspendraient autour ;
Si vous aviez voulu, douce et modeste gloire,
Vous auriez sans combat remporté la victoire,
Car la force cède à l’amour.

Penchez-vous sur le col de vos promptes cavales
Qui volent, de la brise et de l’éclair rivales ;
Fuyez sans vous tourner pour voir,
Et, ne vous arrêtez qu’en des retraites sûres
Où se trouve un flot clair pour laver vos blessures,
Et du gazon pour vous asseoir !


III



C’est la nécessité ! c’est la règle fatale !
Toujours l’esprit le cède à la force brutale ;
Et quand la passion, aux beaux élans divins,
Avec le positif veut en venir aux mains,
Ardente, et n’écoutant que le feu qui l’anime,
Engage le combat sur le pont de l’abîme,
Elle ne peut tenir, avec ses mains d’enfant,
Contre ces grands chevaux à forme d’éléphant,
Cabrés et renversés sur leurs énormes croupes,
Contre ces forts guerriers et ces robustes troupes
Aux bras durs et noueux comme des chênes verts,
Aux musculeux poitrails de buffle recouverts ;