Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/63

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La fantastique arabesque
Courbe ses légers dessins
Autour du trèfle moresque,
De l’arcade gigantesque
Et de la niche des saints.

Dans leurs armes féodales,
Vidames et chevaliers
Sont là, couchés sur les dalles
Des chapelles sépulcrales,
Ou debout près des piliers.

Des escaliers en dentelles
Montent avec cent détours
Aux voûtes hautes et frêles,
Mais fortes comme les ailes
Des aigles ou des vautours.

Sur l’autel, riche merveille,
Ainsi qu’une étoile d’or,
Reluit la lampe qui veille,
La lampe qui ne s’éveille
Qu’au moment où tout s’endort.

Que la prière est fervente
Sous ces voûtes, lorsqu’en feu
Le ciel éclate, qu’il vente,
Et qu’en proie à l’épouvante,
Dans chaque éclair on voit Dieu ;

Ou qu’à l’autel de Marie,
À genoux sur le pavé,
Pour une vierge chérie
Qu’un mal cruel a flétrie,
En pleurant l’on dit : Ave !