Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mon poignet vaut celui du vieux Crotoniate ;
Il n’est pas de taureau que d’un coup je n’abatte,
Et je fends les lions avec mes doigts nerveux ;
Car nulle Dalila n’a touché mes cheveux.
Je pourrais, comme Atlas, poser sur mes épaules
La corniche du ciel et les essieux des pôles ;
Mais je ne puis porter cet enfant de six mois
Avec son globe bleu surmonté d’une croix ;
Car c’est le fruit divin de la Vierge féconde,
L’enfant prédestiné, le rédempteur du monde ;
C’est l’Esprit triomphant, le Verbe souverain :
Un tel poids fait plier même un géant d’airain ! »


Écija, 1841.