Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/181

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À Jean Duseigneur


 

I


Oh ! mon Jean Duseigneur, que le siècle où nous sommes
Est mauvais pour nous tous, oseurs et jeunes hommes,
Religieux de l’art que l’on nous a gâté !
L’on ne croit plus à rien ; — le stylet du sarcasme
A tué tout amour et tout enthousiasme ;
        Le présent est désenchanté.

L’on cherche, l’on raisonne ; au fond de chaque chose
On fouille avidement, jusqu’à trouver la prose,
Comme si l’on voulait se prouver son néant.
Tout est grêle et mesquin dans cette époque étroite
Où Victor Hugo, seul, porte sa tête droite
Et crève les plafonds de son crâne géant.

L’avenir menaçant, dans ses noires ténèbres,
Ne présente à nos yeux que visions funèbres ;