Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/195

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Perplexité



J’ai donné ma parole. — Allez, fermez la porte ;
Attachez-moi les pieds de peur que je ne sorte,
Et dites qu’on me donne une tasse de thé.

S’il vient un créancier, — vous les devez connaître, —
Il le faut avec soin jeter par la fenêtre,
Car je veux aujourd’hui rêver en liberté.

Si quelque femme vient, petit pied, main petite,
Qu’elle s’appelle Anna, Lisette ou Marguerite,
Ouvrez : — Qui fermerait sa porte à la beauté ?

Chastes Muses, — ô vous qui savez toutes choses,
Ce qui fait l’incarnat des vierges et des roses,
Ce qui fait la pâleur des lis et des amants ;

Vous qui savez de quoi les petits enfants rêvent,
Quel sens ont les soupirs qui dans les bois s’élèvent,
Et cent mille secrets on ne peut plus charmants ;

Ô Muses ! — savez-vous ce que je m’en vais dire ?
Je n’ai ni violon, ni guitare, ni lyre,
Et n’entends pas grand’chose au style des romans ;