Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et ce n’est pas ainsi qu’un galant se ruine.
––––––Vous volez vos cadeaux aux chats
–––Et pour écrins donnez des souricières ;
Je vous en avertis, ce sont là des manières
À ne réussir point près des cœurs délicats !

Arlequin.
––––––Cette souris dans cette boite,
––––––C’est mon âme, en prison étroite
––––––Mise par vos divins appas !
Comme elle, prenez-la, Colombine fantasque,
Car je pâlis d’amour sous le noir de mon masque,
––––––Et votre œil seul ne le voit pas.
Acceptez cet hommage, ô beauté sans seconde !
–––De l’Arlequin le plus épris du monde
C’en est fait, Cupidon m’a saisi dans ses lacs !
Les moulins que Montmartre offre aux yeux sur sa butte
–––Ne tournent plus qu’au vent de mes soupirs ;
Et sous votre balcon chaque jour j’exécute,
––––––Pour sérénade, une culbute,
Timide expression de mes brûlants désirs !

Colombine.
Ah ! monsieur Arlequin, prolonger ce langage
À ma pudicité serait faire un outrage !
Qui vous rend si hardi de me faire la cour ?
–––Je suis honnête et mariée.

Arlequin.
–––Je suis honnête et mariée. À peine ;
Auprès de vous Pierrot ne resta qu’un seul jour,
Il lui fallut quitter aussitôt ce séjour,
Car l’habitation des rives de la Seine
–––Décidément lui devenait malsaine ;
––––––