Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/41

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O fiancés d’hier, encore amants, l’alcôve
Où nichent vos amours, à quelque vieillard chauve
        A servi comme à vous ;
Avant vos doux soupirs elle a redit son râle,
Et son souvenir mêle une odeur sépulcrale
        A vos parfums d’époux !

Où donc poser le pied qu’on ne foule une tombe ?
Ah ! lorsque l’on prendrait son aile à la colombe,
        Ses pieds au daim léger ;
Qu’on irait demander au poisson sa nageoire,
On trouvera partout l’hôtesse blanche et noire
        Prête à vous héberger.

Cessez donc, cessez donc, ô vous, les jeunes mères
Berçant vos fils aux bras des riantes chimères,
        De leur rêver un sort ;
Filez-leur un suaire avec le lin des langes.
Vos fils, fussent-ils purs et beaux comme les anges,
        Sont condamnés à mort !


V

 
A travers les soupirs les plaintes et le râle
Poursuivons jusqu’au bout la funèbre spirale
        De ses détours maudits.
Notre guide n’est pas Virgile le poëte,
La Béatrix vers nous ne penche pas la tête
        Du fond du paradis.