Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/117

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Désormais la route est certaine ;
Le soleil voilé reparaît,
Et du château la tour lointaine
Pointe au-dessus de la forêt.

Sous l’arcade où le jour s’émousse,
De feuilles en feuilles tombant,
Le sentier ancien dans la mousse
Trace encor son étroit ruban.

Mais la ronce en travers s’enlace,
La liane tend son filet,
Et la branche que je déplace
Revient et me donne un soufflet.

Enfin, au bout de la clairière,
Je découvre du vieux manoir
Les tourelles en poivrière
Et les hauts toits en éteignoir.

Sur le comble aucune fumée
Rayant le ciel d’un bleu sillon ;
Pas une fenêtre allumée
D’une figure ou d’un rayon.

Les chaînes du pont sont brisées ;
Aux fossés, la lentille d’eau
De ses taches vert-de-grisées
Étale le glauque rideau.

Des tortuosités de lierre
Pénètrent dans chaque refend,
Payant la tour hospitalière
Qui les soutient… en l’étouffant.