Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/160

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106 RÉFEEXIONS villes et des royaumes. ll ne faut pas mesurer les hommes par leurs actions, qui sont trop dépendantes de leur for- tune, mais par leurs sentiments et leur génie '. 50. — [comes r.‘us1>n11· nïzuruuur.] [Ce qui fait que tant de gens d’esprit en apparence par- lent, jugent, entendent, agissent si peu a propos et si mal, . c’est qu'ils n’ont qu'un esprit d'emprunt; on ne mâche point avec des dents postiches, quoiqu’elles paraissent au dehors comme les autres*. ll y a des hommes qui naissent avec un talent particulier pour recueillir ce que les autres pensent ou imaginent; ils joignent à une mémoi1·e heureuse un esprit facile; ils _sont pétris de phrases, d'expressions brillantes, de plaisanteries et de réflexions qu'ils placent ` ` du mieux qu'ils peuvent, et qui éblouissent ceux qui ne les . connaissentpoint. On est étonné que des hommes qui ont été capables de penser ou d'exprimer de si bonnes choses, ne les appliquent pas avec plus de justesse, et qu’i| manque toujours quelque chose à. leurs raisonnements. Ces gens-la ont une teinture de toutes les sciences, et parlent quelque- fois des arts plus spécieusement que les plus habiles artistes; ‘ ils sont physiciens, ils sont géomètres; ils savent du moins répéter des opinions sur tous les sujets, et il ne leur manque que de concevoir eux-memes ce qu'ils disent. Il y en a d‘autres qui jugent très·bien , mais avec du temps; on leur propose quelquefois des choses assez simples, et ils ne les saisissent point; on en est surpris, ils le sont eux—memes; car ils se croyaient de la pénétration, et ils n’ont que du jugement ’.] • « Le motif fait seul le merite des actions des hommes. » (La Bruyère, du Mérite personnel, n' hi.) - G.

  • La premiere et la derniere phrase de ce morceau avaient été seules don-

nees, sous les n" 1 et 5 des Maxime: poathumu; elles font partie d’une Ré- flexion que nous trouvons dans notre manuscrit de Vauvenargues, et que nous remettons icl a sa vraie place. — G.

  • Comparez avec le 1•· chap. de Plntroduction ai la Connaissance de l‘Ea-

pril humain. —- G.