Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/180

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1% CONSEILS nous fasse pas perdre celui de nos forces : il est de l'essence de l’esprit de se tromper; le cœur a aussi ses erreurs. Avant de rougir d'étre faibles, mon trés-cher ami, nous se- rions moins déraisonnables de rougir d’étre hommes. 12. — [rr. nur svom Les ·rsr.r·:u·rs ne son t:·rs·r.] [Mon cher ami, il faut avoir les talents de son état, ou le quitter ‘·. Parce qu’on est né gentihomme, on fait la guerre, quoiqu’on n’ait ni santé, ni patience, ni activité, ni amour des détails, qualités essentielles et indispensables dans im tel métier; ou, si l’on est né dans la robe, on s'attache au barreau, sans éloquence, sans sagacité, sans goût pour l'é— tude des lois; ainsi des autres professions. Si l’on a du mé- rite d’ailleurs, on s'étonne de ne pas faire son chemin, on se plaint d'une profession ingrate, et l’0n se dégoùte. Un homme de votre âge, qui a des passions, qui n’aime pas les détails, s'impatiente dans les emplois subaltemes par les- quels il est nécessaire de passer, lorsqu'on n'est pas né sous les enseignes de la faveur; il se déplait dans ces occu- pations frivoles et laborieuses qui sont inséparables des petits services; il néglige méme de s’instruire de ce qu'il peut y avoir de grand dans sa profession, lorsqu'il se voit si éloigné de pouvoir mettre en pratique cette théorie, et il préfere à. une étude, qui estun peu seche, des connaissances plus agréables et plus étendues. Par la il met ceux qui dis- posent des emplois en droit de négliger son avancement, 1 La forme meme do ce morceau, extrait de notre manuscrit de Vauve- nargues, indique assez clairement que c’e,st le douzième Conseil à ua Jeans homme; cependant Vauvenargues ne l’a pas fait paraitre avec les autres, sans doute parce que, apres la démission qu'il avait donnée de son grade, il pouvait craindre qu’on ne lui fit L lui—mème une application trop directe de ces retlexions, si sensées d’ailleurs. Pajouterai qu'il n'est pas besoin de regarder de bien pres a ces Conseils pour s'assurer que Vauvenargues lu adresse autant alui-méme qu'a son jeune ami, et qu'il s'er.horte en même temps qu'il l’eahorte. On cn peut dire autant des Réflexions sur divers sujets, qui précedent, et dœ Discours sur la Gloire, sur les Plaisirs, qui arrivent. Vauvenargues lui-meme fait entendre dans une de ses Maximes qu'il écrit « pour son instruction ou pour le soulagement de son cœur, et qu’il traite les choses pour lui. n - G.