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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/20

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vi
AVERTISSEMENT


marquis de Vauvenargues, auteur de cet ouvrage, et c’est sur cet exemplaire qu’a été faite l’édition publiée en 1747. » Cette note n’est pas signée, mais il est avéré qu’elle est du Président Jules Fauris de Saint-Vincens, ami et correspondant de Vauvenargues.

Dans un premier voyage à Aix, en examinant les notes dont il s’agit, je fus frappé, tout d’abord, d’y reconnaître deux écritures entièrement différentes : l’une forte, même un peu pesante, et conforme, de tout point, à celle de Vauvenargues, dont, depuis plusieurs mois, j’avais les manuscrits sous les yeux ; l’autre plus déliée, plus cursive, et ne pouvant être, évidemment, de la même main. Quant aux notes elles-mêmes, elles sont également de deux espèces, corrélatives aux deux écritures : les unes, qui appartiennent incontestablement à Vauvenargues, consistent en simples corrections, ou additions de mots, telles que les peut faire un auteur révisant son ouvrage ; les autres sont des remarques critiques, tant sur le fond que sur la forme, et leur vivacité, dans la louange ou dans le blâme, exclut l’idée qu’un auteur ait pu se les adresser à lui-même. En effet, pour ne citer que quelques exemples, comment supposer que Vauvenargues se parle à lui-même, à la seconde personne, dans des observations comme celle-ci : Vous contredites le chapitre du bien et du mal moral (voir la note de la Maxime 905e) ? Comment supposer qu’il qualifie de déclamation triviale et de vieux sermons deux de ses plus célèbres Maximes, la 875e et la 933e (voir les notes de ces Maximes) ? Comment le supposer surtout, quand on voit, dans sa seconde édition, que non-seulement il a maintenu la dernière de ces Maximes, mais qu’il a même renchéri sur l’expression ? Comment supposer qu’il se traite de capucin (voir la note de la Maxime 934e) ? Enfin, comment admettre que Vauvenargues se gratifie lui-même de louanges dans le genre de celles-ci, qui reviennent à chaque moment : Beau, bien ; très-beau, très-bien ; excellent ; admirable ; profond et juste ; on ne peut mieux ; cest grand ; comment a-t-on pu faire si bien, étant si jeune !

À première vue, j’affirmai que ces notes étaient de Voltaire, et ne pouvaient être que de lui. Outre que sa lettre du 13 mai 1746 établit qu’il avait annoté, sur-le-champ, l’exemplaire de la 1re édition que Vauvenargues lui avait adressé ; outre que le mot le plus expressif de ces notes, celui de capucin, se retrouve dans sa lettre à Vauvenargues, datée du commencement de mars 1746, je n’hésitai pas un moment à reconnaître son écriture. Cependant, je ne pouvais faire encore la preuve, n’ayant pas sous la main les pièces de comparaison nécessaires ; mais, à un second voyage, muni de lettres originales de Voltaire, que je possède, et dont plusieurs sont adressées à Vauvenargues lui-même, j’ouvris une sorte d’enquête, assisté de MM. Rouard, bibliothécaire, Mouan, sous-bibliothécaire d’Aix, et Prevost-Paradol