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SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.


alors professeur à la Faculté des Lettres de cette ville. M. Rouard, que l’autorité, d’ailleurs si respectable, du Président de Saint-Vincens[1] tenait en suspens, jusqu’à preuve contraire, se rendit lui-même aux résultats décisifs de l’enquête, et M. Mouan en rédigea immédiatement les principales conclusions, dans une petite brochure[2].

Ces notes inédites de Voltaire, que j’ai mises entre crochets, ne font pas double emploi avec celles que Suard a publiées[3], et que je donne également ; mais on y remarquera une même façon preste et vive, qui indique assez que les unes et les autres sont de la même main. À ces annotations diverses, j’ai ajouté les miennes, dans lesquelles je me suis attaché surtout, par des rapprochements multipliés, à coordonner, autant que possible, les pensées éparses de Vauvenargues. Grâce à ces rapprochements, qui signalent tour à tour les ressemblances ou les différences, le lecteur aperçoit mieux la suite du livre, et se rend un compte plus exact de la persistance ou de l’incertitude de l’auteur sur une même idée. On trouvera d’ailleurs, à la fin du volume supplémentaire, un Index alphabétique aussi complet que possible. Quoique j’aie remarqué et noté dans Vauvenargues bien des passages contestables, ou mêmes contradictoires, cependant, je n’ai pas discuté avec lui, si ce n’est dans le Traité sur le Libre-Arbitre, où ses opinions sont tellement extrêmes que je n’ai pu me défendre de les combattre[4]. Je n’ai pas donné non plus de biographie expresse de Vauvenargues : l’histoire de la vie d’un homme à qui le temps et les occasions d’agir ont si cruel-

  1. Reste, cependant, la note de Saint-Vincens ; mais, si l’on se rappelle qu’il est mort en 1798, c’est-à-dire plus d’un demi-siècle après Vauvenargues, à l’âge de 87 ans, et que la note dont il s’agit a pu être écrite dans les dernières années de sa vie, on imagine aisément que ses souvenirs pouvaient être peu présents ou affaiblis. La difficulté ne tient d’ailleurs qu’à un mot, et serait entièrement levée, si Saint-Vincens eût écrit qu’une partie des notes était de la main de Vauvenargues, car ce dernier point n’est pas douteux. Peut-être, enfin, le Président a-t-il fait confusion entre deux exemplaires, dont l’un aurait été annoté exclusivement par l’auteur, et serait aujourd’hui perdu. Vauvenargues corrigeait beaucoup ; or, les notes de l’exemplaire d’Aix se composant plutôt de remarques critiques que de corrections, l’auteur, en vue de sa seconde édition, a dû faire, sur un autre exemplaire, un travail plus approprié, et il ne serait pas surprenant que la découverte d’un semblable travail donnât, quelque jour, raison à cette dernière conjecture.
  2. Quelques mots sur un exemplaire de la première édition des œuvres de Vauvenargues, avec notes manuscrites aux marges, par M. Mouan, avocat, sous-bibliothécaire d’Aix. — Aix, 1856.
  3. Dans sa Préface, Suard dit expressément qu’il a trouvé les notes de Voltaire à la marge d’un exemplaire de la seconde édition de Vauvenargues (1747) ; or, l’exemplaire d’Aix est de la première (1746).
  4. Ai-je besoin d’ajouter qu’on reconnaîtra, aux initiales dont elles sont signées, les notes de Voltaire, Fortia, La Harpe, Suard, Morellet, Brière, et les miennes ?