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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/283

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SUR LA FOI.


fond de ma pensée; vous noyez mavie d'amertume; les _ plaisirs, lasanté, la jeunesse, m'échappent; la gloire, qui ilatte de loin les songes d'une ame ambitieuse, vous me ravissez tout' .... Etre juste, je vous cherchai sitôt que je pus vous con- naitre ; je vous consacrai mes hommages et mes vœux inno- · cents des ma plus tendre enfanee, et j'aimai vos saintes rigueurs. Pourquoi m’avez—vous délaissé? pourquoi, lors- que l‘0rgueil, l'ambition, les plaisirs, m’ont tendu leurs piéges infidèles .... C’était sous leurs traits que mon cœur ne pouvait se passer d'appui•. J'ai laissé tomber un regard sur les dons enchanteurs du monde, et soudain vous m'avez quitté ; et l'ennui, les soucis, les remords, les douleurs,. ont en foule inondé ma vie. 0 mon amel montre-toi forte dans ces rigoureuses épreu- ves; sois patiente; espère à ton Dieu, tes maux finiront; rien n'est stable; la terre elle-meme. et les cieux s'évanoui· ront comme un songe. Tu vois ces nations etces trones, qui tiennent la terre asservie : tout cela périra. Écoute, le jour du Seigneur n’est pas loin, il viendra; l‘univers surpris sen- tira les ressorts de son ètre épuisés , et ses fondements ébranlés : l'aurore de Yéternité luira dans le fond des tom- beaux, et la mort n'aura plus d’asiles. 0 révolution effroya- ble! L'homicide et l'incestueux jouissaient en paix de leurs crimes, et dormaient sur des lits de fleurs': cette voix a frappé les airs, le soleil a fait sa carrière, la face des cieux a changé. A ces mots, les mers, les montagnes, les forêts, les tombeaux frémissent, la nuit parle, les vents s’appellent. Dieu vivant! ainsi vos vengeances se déclarent et s'ac- ‘ coinplissent; ainsi vous sortez du silence et desombres qui vous couvraient. 0 Christi votre règne est venu. Père, • Voilà encore des traits bien particuliers i Vauvenargues. — G.

  • Cest l'histoire de Vauvenargues, et de bien des ams. Il avait eu, dans

son enfance, des moments de fol, aupres de sa mere dont la piété était ar- dente, auprès de sa sœur qui mourut carmelite a Marseille; puis, au temps de la jeunesse, les passions étaient venues, et, avec elles, l'esprit d‘examen, et, par suite, le doute. — G.