Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/284

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230 M É D I TATI 0 N Fils, Esprit éternel, l'univers aveuglé ne pouvait vous com- E prendre; l’univers n'est plus, mais vous étes; vous étes, · vous jugez les peuples : le faible, le fort, l'innocent, l'in- ` crédule, le sacrilège, tous sont devant vous. Quel spectacle ! je me tais; mon âme se trouble et s'égare en son propre fonds. Trinité formidable au crime, recevez mes humbles hommages '.

  • On conçoit aisément que le morceau qui précède ait donné lieu L de

nombreux commentaires. ll est bou de les rapporter et de les discuter en peu de mots. Voici la premiere version : —Voltair·e, dans son Siècle de Louis X V. p. M2, édition de Rsnouard, |819·2i, t. XIX, nous donne l’historique de la publication du principal ou- vrage de Vauvenargues, Plntroduction à la Connaissance de l'Esprit human, et aussi de la Méditation sur la Foi, et d’une Prière. Voici ce qu'il dit a ce sujet : • Dans le temps de ls mort de M. de Vauvenargues, les Jésuites avaient n la manie de chercher à s’emparer des derniers moments de tous les hommes « qui avaient quelque célébrité; et, s'ils pouvaient, ou en extorquer quelque · déclaration, ou réveiller dans leur ame alfaiblie les teneurs de l'en|'er, ils · crisient au miracle. Un de ces Pères se présente chez M. de Vauvenargues · mourant. — Qui vous a envoyé ici'! dit le philosophe. -— Je viens de la part · de Dieu, répondit le Jésuite. Vauvenargues le chassa,_pui.s, se toumant ‘ • vers ses amis : · Cet esclave-est venu, ll a montré son ordre, et n'a rien obtenu. · L'ouvrsge de M. de Vauvenargues, imprimé apres sa mort, est intitulé: ··"" u Introduction à la Connaissance de l'Esprit humain; les éditeurs, pour faire î"' ·· passer les maximes hardies qu'il renferme, y ont joint une Méditation et i • une Prière trouvées dans les papiers de l’auteur, qui, dans une dispute sur 'il ~ Bossuet, avec ses amis, avait soutenu qu’on pouvait parler de la religion îq ¤ avec majesté et avec enthousiasme sans y croire. On le della de le prouver, f' ‘ ~ et c’est pour répondre à ce défl qn‘il tit les deux pièces qu’on trouve dans É! • ses œuvres. • -4 B. -— Constatons d'abord que l’édition Renouard, d'où cette note œt tirée, ne l'attribue pas expressément a Voltaire, et la donne - " , sans nom d'auteur. La Harpe nous apprend (article Vauvenargues) qu’elle est î de Condorcet; en etfet, elle a paru pour la première fois dans l‘édition de · ` Kehl, plus de 30 ans après la mort de Vauvenargues, plusieurs années après î la mort de Voltaire lui·méme, et dans un temps ou la manie de tirer a soi la hommes de quelque célébrité avait gagné d'aut.res que les Jésuites. Voltaire,qui, d'ailleurs, est plus sincère et plus vrai qu’on ne le croit communément, n’eut jamais pu ni voulu dire que Vlntroductiona la Connaissance del'Esprit humain avait été imprimee après la mort de l’auteur, lui qui avait assisté L la premiere édition que Vauvenargues en avait donnée, et préparé avec lui la seconde; il n'eût jamais pu ni voulu dire que les deux pièces qui précèdent étaient le rè- sultat d'un défi; car il les prenait tellement au sérieux que. comme nous l'a- vous rapporté dans notre Eloge, et comme nous ne saurions trop le répéter. cur la preuve est décisive, c'est A leur sujet qu’il écrivait I Vauvenargues, I la tin d’avr·il Hao: u Il y a des choses qui ont infligé ma philosophie; ne peut- • on pas adorer l’Étre-Suprême sans se faire cnpucin? · Voltaire avait tcllo- ment a cœur ces deux pièces, que, n'aya.nt pu décider Vauvenargues a y re-